Wulfénite

PbMoO4
Red Cloud mine, 2003 Red Gem Pocket.

 




LOCALITE



L’échantillon photographié est originaire de la Red Cloud mine, Silver District, Trigo Mts, La Paz Cty Arizona. Dès 1870, cette mine a produit de l’argent et du plomb. La production fut arrêtée déjà dans les années 1890. Cette mine fut ensuite mise en activité et fermée plusieurs fois de suite uniquement dans le but de collecter des échantillons. La dernière ouverture date de 2003. L’échantillon photographié provient de cette poche et a été collecté en 2003.
Assez curieusement, la Red Cloud mine présente aussi un grand intérêt pour les minéraux fluorescents, car cette mine produit des minéraux (willemite, fluorite, hyalite) présentant les quatre couleurs de fluorescence rencontrées dans la célèbre mine de Franklin, NJ (UV courts).
Les cristaux de wulfénite de Red Cloud croissent sur une brêche d’andésite. La roche semble friable et elle est de teinte brun-rouge et noire. Mais on y trouve aujourd’hui plus de morceaux fluorescents que d’échantillons de wulfénite de classe mondiale.



MORPHOLOGIE



Ce molybdate de plomb donne très souvent de jolis cristaux. Il tire son nom de celui du minéralogiste X.F. Wulfen.
Jadis la wulfénite fut appelée mélinose (du grec mélinos, mélisse ; lui-même issu de méli, miel ; pour la couleur de ce minéral). Cela semble bien désuet aujourd’hui.
La teinte du minéral varie du jaune à l’incolore, en passant par l’orange, le rouge, le gris. 
Son lustre est adamantin, vitreux tandis que le trait reste blanc (caractéristique du test du trait).
Très souvent, les cristaux sont aplatis, tabulaires, de section carrée avec la face {001} dominante. Ils peuvent être très fins ou prendre un habitus pseudo-cubique comme à Los Lamentos (Chihuahua, Mexique).
Il existe un clivage selon {011}.
Dureté faible = 3 ; densité : 6,8.



CRISTALLOGRAPHIE



Alors que la morphologie semble très simple, la wulfénite pose problème. La première interprétation qui saute aux yeux est de la définir comme quadratique, avec le groupe ponctuel 4/m.

Deux faits sont cependant étranges : le premier accessoire, on trouve des cristaux tabulaires, relativement épais, toujours de section carrée, qui semblent n’être qu’un demi-cristal (j’en ai admiré un magnifique, provenant de Tsumeb). Autrement dit, au lieu d’être une dipyramide avec les faces du pinacoïde {001} présentes, certains cristaux ne sont qu’une simple pyramide avec la base habituelle (00-1). Cette base porte alors le nom de pédion. La troncature supérieure perpendiculaire à l’axe c est (001).
Le second argument plus péremptoire est l’absence de centre de symétrie dans la structure de la wulfénite car elle est piezoélectrique. 
Ainsi, le groupe ponctuel serait bien 4 au lieu de 4/m. Pour le dire autrement, c’est la classe tétartoédrique du système quadratique, qui est très rare (peut-être le seul en minéralogie classique).
Groupe spatial : I41/a.



MACLE



S’il en est ainsi, on est conduit à admettre que toutes les wulfénites que nous connaissons sont maclées selon le plan de base de la pyramide {00-1}, conduisant à la formation de la bipyramide.

Paramètres de la maille:
a = 5,42 c = 12,10 Å Z = 4
Formes du cristal idiomorphe :
Pedions : la troncature apicale (001) et la base (00-1).
Les pyramides {011}, {013}, {100}, {110} sont fréquentes. Il existe de nombreuses autres facettes possibles. La morphologie dépend fortement des conditions de pH et eH régnant lors de la cristallisation. 



GISEMENTS



On trouve la wulfénite dans les zones oxydées superficielles des gisements de plomb (veines minéralisées) en compagnie d’autres minéraux secondaires de plomb, comme la cérusite, la vanadinite et la pyromorphite.



KATANGA



Sur ce même site se trouve une page dédiée à la wulfénite du Katanga.


http://www.agab.be/mineralogie/Katanga/katanga.html



Roger WARIN.