STIBNITE
Xikuangshan, Lengshuijiang Co., Hunan, Chine 





Fig. 1 - Stibnite, Xikuangshan Sb deposit, Lengshuijiang Co., 
Loudi Prefecture, Hunan Province, China.



La stibnite est le sulfure d’antimoine Sb2S3 ; il est encore appelé stibine dans les pays francophones, nom plus proche de la racine grecque que l’appellation anglaise. Mais l’IMA en a décidé autrement. Ce sulfure forme de beaux cristaux très allongés joliment terminés qui peuvent dépasser 60 cm en Chine et aussi au Japon à Ishinokawa, dans l’ïle de Shikoku. Ce gisement japonais est épuisé. Le spécimen ci-dessus photographié est le premier que nous ayons vu (à Munich) serti sur la gangue rocheuse.

Le plus grand dépôt d’antimoine du monde se trouve dans la partie nord du Bassin de Xiangzhong, près de la ville de Lengshuijiang dans l’axe d’un petit anticlinal orienté nord-sud. Les roches encaissantes sont des cherts gris foncés qui se trouvent au cœur de l’anticlinal, entouré de formations du Carbonifère Inférieur. La surface du gisement mesure environ 16 km². Tous les sites miniers ne sont pas encore exploités.
Remarque : un chert est une roche composée principalement de quartz microcristallin, cryptocristallin ou microfibreux. Un chert est différent d’un quartzite.





Fig. 2 - Stibnite – Huanan, Chine. 
Ce cristal a été artificiellement coudé, car le minéral possède 
des plans de glissement selon l’élongation. © R. Warin.



NOM 



La stibnite est connue depuis l’antiquité et son nom dérive d’un mot grec, lui-même latinisé par après par Pline. Cet auteur parle de Stibi ou Stibium. 
L’élément chimique dont dérive ce sulfure est l’antimoine (Sb), un élément semi-métallique. Son nom rappelle insidieusement le monde des alchimistes. Que de sous-entendus savoureux proches des temps où l’arsenic (qui présente aussi des similitudes avec l’antimoine) hantait les esprits …

Plus étrange, la stibnite était utilisée dans le monde antique pour élargir le regard, en agrandissant l’œil par un ombrage de couleur gris foncé. Elle fut ainsi aussi appelée platuophthalmon (de platus, large et ophtalmon, l’œil).





Fig. 3 - Modèle théorique d’un cristal de stibnite qui est modifié 
par 2 prismes {210} et {110}, 1 pinacoïde {010} et
3 pyramides {111}, {331} et {341}.




MORPHOLOGIE 



Deux prismes conditionnent l’habitus étiré de la stibnite (Fig. 3). Ce sont les formes {210} et {110}. Des alternances oscillantes entre ces formes sont fréquentes, donnant à l’ensemble un aspect strié, même très strié selon l’axe c [001]. Le pinacoïde {010} complète ces formes verticales. 
Les terminaisons sont fréquentes et variées, favorisées par l’allongement du cristal selon l’axe c. Les bipyramides pentue {331}, {341} et la pyramide peu inclinée {111} terminent fréquemment ce cristal très étiré.

Il existe un clivage parfait et facile selon le pinacoïde {010}.
Ce minéral est relativement flexible, mais il casse aussi si la force est trop grande. Les cristaux forment souvent des buissons dispersés en faisceau.
Les cristaux peuvent croître en s’incurvant, parfois fortement.
Cependant, il semble bien que le cristal photographié ait été courbé par la main d’un… Chinois ! Bel exploit.
Le minerai se trouve souvent sous la forme de masses impalpables ou granulaires, pas toujours aussi bien cristallisé.




Fig. 4 - Stibnite, Lueshi, Hunan Prov., Chine.
Cristal proche du modèle de la fig. 3.



Gisements : 


La stibnite est le minerai d’antimoine. Bien que ses occurrences ne soient pas exceptionnelles, les gisements importants sont rares. Ce minéral est typiquement formé dans des veines hydrothermales de basses températures. La stibnite est fréquemment associée aux sulfoantimoniures de plomb, au réalgar, à l’orpiment à la marcasite, à la pyrite, au cinabre, à la calcite, à l’ankérite, à la barite, à la calcédoine. 
Réputé stable en collection, ce minéral peut subir des altérations oxydantes dans la nature.

Roger WARIN.