INDICES 

Le jeu se présente ce mois-ci plutôt comme une énigme à résoudre. Tous les indices sous-jacents demandent une réponse… 

Voici l’énigme… 

Cette espèce minérale, pas belle du tout "chez les Bretons", fut le cauchemar des alchimistes (n'est-ce pas Bruno ?) et il l'est encore pour pas mal d'habitants de la vallée de la Vesdre. Si son nom est proche de celui d'un célèbre éditeur français, son verbe caractérisera aussi bien un ciel, qu'une pirouette du jeu de boules. Quand on marche dans la boue, on en a "plein les pieds". Il est aussi à l'origine d'un noble métier que Fernand Reynaud a immortalisé dans l’un de ses sketches les plus célèbres. Il est né, entre-autres, dans son gisement Européen le plus connu, probablement parce que le plus riche en espèces minérales, situé dans la province du "Pays Chaud". C'est le seul endroit où ce minéral est bien cristallisé. Et ce n'est pas le splendide ouvrage récemment édité par Holstein et Langhof qui me contredira. Le constituant principal de ce minéral n'aime pas se sentir seul. Bien que l'effet de serre ne soit pas plus prononcé au Maroc ou à Tsumeb qu'ailleurs, quand il ne "soufre" pas, ce minéral se complait particulièrement dans ces deux gisements, jusqu'à y perdre des électrons. Il en résulte alors, pour le plus grand bonheur de nos vitrines, ces macrocristaux splendides, idéalement maclés, surtout quand ils tricotent. L'échantillon représenté ici mesure 5 cm environ et pèse 125 g, ce qui devrait lui donner les dimensions idéales de 34x27x12 mm, s'il avait gardé sa morphologie primitive correspondant à la symétrie de sa maille cristalline (symétrie qui, par ailleurs, est différente de celle des "billes"). L'échantillon est en réalité plus aéré car plus squelettique (voir photo), de sorte que vous pourriez d'un simple toucher du doigt, modifier sa morphologie. S'il n'a aimé Dame Mercure qu'à une seule occasion (en encore, dans un endroit isolé de Mongolie Intérieure!), il ne peut surtout pas survivre sur Elle!"  

Questions:  

1) Quel est le nom de ce minéral ?
2) Quel est ce gisement célèbre qui a fourni des cristaux de ce minéral ?
3) Pourquoi fut-il le cauchemar des alchimistes ?
4) Pourquoi ne peut-il pas survivre sur Dame mercure ?
5) Illustrez, via une équation simple:
        a) "l'acte d'amour" qui s'est passé en Mongolie Intérieure
        b) l'influence de l'effet de serre sur ce minéral
        c) ce qui lui arrive quand il "soufre"
6) Quel est le vrai nom de ce "Pays Chaud" ?
7) En quoi le poids est-il une indication pour identifier ce minéral ?
8) Comment s'intitule le sketch de Fernand Reynaud ?
9) Quelle est la symétrie "des billes" ?
10) Pourquoi "pas belle chez les Bretons" ?

Zelimir GABELICA

 

REPONSES 

1) Le plomb.
2) Langban (Suède) !
3) Car lorsqu'ils rataient leur quête de l'or, ils retrouvaient toujours le plomb non transformé.
4) Car la température moyenne sur Mercure (la planète!) est trop élevé et le plomb... fond.
5a) l'acte d'amour en Mongolie est une union du plomb et du mercure pour donner un amalgame qui est une espèce minérale à part entière, très rare par ailleurs, apellée "leadamalgam" et son seul gisement connu se situe en Mongolie Intérieure (Chine) (voir dans "Hey").
L'équation (qualitative) est donc: plomb + mercure = leadamalgam (pour nous chimistes: HgPb2).
5b): plomb + dioxyde de carbone = carbonate de plomb (cérusite) (pour nous chimistes PbCO3).
5c): plomb + soufre = sulfure de plomb (galène) (pour nous chimistes PbS).
6) : le "Wermland" (province suédoise où se situe Langban. (les non futés vont immanquablement chercher du côté du sud de l'Europe…).
7): grâce au poids et au volume du minéral s'il était compact (donné), on peut calculer la densité qui est typique du plomb.
8) "Le Plombier".
9) La symétrie du Bi ("billes"… bofff ! c'est très tortueux, je sais...) est hexagonale et celle du plomb, cubique. Comme ils ont des densités semblables, cela permet de les distinguer. (Et puis, surtout, je me plais bien à embrouiller mes lecteurs par l'un ou l'autre jeu de mots).
10) Les "bretons" sont anciennement "les Anglais" (cf. Astérix chez les Bretons) donc "lead" (qui se lit "laide", donc "pas belle"...). 

Il y a encore d'autres indications dans le texte sur lesquelles je ne pose pas des questions. Mais, si l’on veut, on les expliciter. Par exemple:
A) l'allusion à Bruno suggère l'or (que les alchimistes cherchaient à obtenir, à partir du plomb)
B) Il est connu que les habitants de la vallée de la Vesdre (notamment à Verviers) souffrent du saturnisme (en tout cas plus que les habitants d'autres vallées), à cause des tuyauteries en... plomb.
C) Célèbre éditeur français: "Plon".
D) ciel plombé .
E) "plomber" est un terme bien connu des joueurs de pétanque.
F) quand on marche dans la boue, on a les pieds de plomb.
G) "il est né": effectivement le plomb est un élément "natif".
H) le splendide ouvrage de Holstein et Langhof récemment publié s'intitule "Langban" (j'espère que vous avez eu la bonne idée de vous le procurer. C'est une superbe documentation sur ce gisement des plus intéressants!).
I) Le plomb n'aime pas se sentir seul (le minéral plomb est rare) car il réagit avec l'environnement (CO2, sulfures...) en s'oxydant (il perd des électrons)  pour donner d'autres minéraux plus abondants (voir question 5), notamment les cérusites de Touissit ou de Tsumeb (macles tricotées).
J) "Lorsqu'il ne soufre pas (voir aussi question 5c) veut dire qu'en l’absence de soufre il formera la cérusite mais qu'en présence de soufre c'est la galène qui est plus stable (cf Tsumeb)
K) Noter que "dame Mercure" a deux significations différentes (la planète et l'élément), cela met un peu de sel à l'énigme.

Zelimir GABELICA.