INDICES 

Voici un minéral d’un beau bleu.

L’amateur est toujours tenté de corréler la teinte du minéral à l’une de ses composantes. Pourquoi pas dans ce cas.

Cependant, la forme des cristaux pourrait l’induire en erreur. Il est d’ailleurs bien dommage que la première espèce à laquelle on songe selon ce dernier critère, n’existe pas sous ce bel aspect bleu.

L’échantillon présenté ce mois associe l’esthétisme à la rareté, de quoi désarçonner l’amateur débutant…

 

REPONSE 

NOM : Planchéite.

Formule : Cu8 (Si4O11)2 (OH)4 . xH2O   ou silicate hydroxylé hydraté de cuivre.

Localité : Tantara, Katanga, R.D. Congo.

Il s’agit bien sûr d’une pseudomorphose, la planchéite s’étant substituée à la calcite tout en conservant la forme scalénoédrique de celle-ci.

Il arrive aussi que la calcite sur ce gisement soit remplacée par de la dioptase. 


PLANCHEITE 

La planchéite a souvent été confondue à la shattuckite, une espèce très proche en composition et en structure. Ce sont deux silicates hydratés de cuivre. Leurs cristaux sont des fibres soyeuses dont les aspects sont si proches qu’ils sont très souvent été confondus. Les deux espèces sont orthorhombiques holoèdres.

Le grand minéralogiste français Guillemin les avait d’ailleurs identifiées comme étant un unique minéral (1961). Il s’agit pourtant d’espèces différentes.

L’échantillon photographié est une planchéite (référence : Professeur Vochten -Antwerpen). 


STRUCTURE 

La planchéite possède sensiblement la même structure que la shattuckite. Les deux espèces sont constituées de couches (CuO2)n (comme dans le type brucite). Mais alors que dans la shattuckite, ces couches sont unies par des chaînes du type pyroxène (SiO3)n , les chaînes sont du type amphibole (Si4O11)n (et donc doubles) dans la planchéite. Il y a aussi de l’eau dans la structure, en quantité variable mais x < 0.43.


CONCLUSION 

L’échantillon de ce jeu illustre donc bien le phénomène de pseudomorphisme (du grec, fausse forme). Le minéral (microcristallin) présente l’aspect extérieur d’une autre espèce. Il y a eu altération de la structure interne du premier minéral et transformation chimique en une nouvelle espèce minérale, mais la forme du cristal initial est restée intacte. Il existe plusieurs types de pseudomorphoses.

Citons un exemple fréquent de pseudomorphose, l’apparition de limonite après l’altération de pyrite. 

D’un point de vue structural, ce spécimen est également un bel exemple de la dualité qui existe entre les pyroxènes et les amphiboles, éternelle tarte à la crème des potaches en cristallographie (lors d’une époque plutôt révolue). 

Roger WARIN.