KASOLITE

Pb(UO2)SiO4·. (H2O)

Kambove, Kamoto, Musonoi & Shinkolobwe, Katanga.

 Kasolite – Musonoi – base = 2 mm.

Kasolite – Musonoi – cristal idiomorphe = 1.1 mm.

           Kasolite sur torbernite – Musonoi – base = 2.4 mm.

Kasolite – Shinkolobwe – transparence et pléochroïsme faible – base = 1.7 mm

 Kasolite – Shinkolobwe – base = 7.5 mm.

Kasolite – Kamoto – base = 6.5 mm.

  Kasolite – Kambove – base = 9.5 mm.

Kasolite, wulfénite – Musonoi – base = 7.5 mm.

Le nom de kasolite dérive de Kasolo (Katanga), du nom de la colline (Kasolo Signal) la plus proche de la localité type où ce minéral a été découvert pour la première fois. Il a été défini par Alfred SCHOEP (1881 – 1966) en 1921(1). La morphologie de la kasolite a été étudiée par H. Buttgenbach. Toutefois la formule exacte a été déterminée par Henri BRASSEUR(2), professeur de cristallographie (Univ. de Liège). Ce minéral n’est pas rare dans les zones d’oxydation des gisements d’uranium. Quand les produits d’altération de l’uraninite ne sont pas caractérisés et qu’ils sont de teinte jaune, orange à brune, on les désigne sous le terme général de « gummite » (de gomme gutte). La kasolite peut en être l’un des constituants. On trouve la kasolite dans de nombreux sites mondiaux de minerais uranifères, mais c’est au Katanga que les cristallisations sont les plus belles : Shinkolobwe (près de Kasolo), Menda, Swambo, Luiswishi, Kambove, Kamoto, Kalongwe, Musonoi… 

La kasolite est l’un des plus beaux minéraux uranifères par sa cristallisation, et surtout par sa couleur qui oscille du jaune ocre à l’orange. Plus rarement, la kasolite varie du jaune citron au vert (pas au Congo) ou à l’orange-rouge. En masse, son aspect est terreux. Son lustre est subadamantin à gras. 

La kasolite forme des gerbes de cristaux divergents, des rosettes, des oursins et des agrégats radiaires fibreux. Elle apparaît aussi sous la forme de croûtes compactes.

Des épigenèses de quartz existent et elle peut contaminer d’autres minéraux comme la vandenbrandeite (voir « vandenbrandeite » sur ce site Katanga) sous la forme d’inclusions. 

La kasolite, silicate d’uranyle et de plomb, appartient à la classe des nésosilicates (anions tétraédriques isolés [SiO4]4-) et au groupe de l’uranophane composé calcique similaire. Ce groupe de minéraux se différencie par la nature du cation métallique. Il comprend la sklodowskite, la cuprosklodowskite, l’oursinite, l’uranophane, le b-uranophane, la boltwoodite, la Na-bolwoodite et la kasolite


Dessin de kasolite, d’après H. Buttgenbach et A. Schoep.

 Cristallographie : 

Système cristallin : monoclinique, classe prismatique 2/m (holoèdre).

Maille élémentaire : a = 13.24, b = 6.94, c = 6.70, b = 104.33°.

a : b : c = 1.9078 : 1 : 0.9654.

Densité (calc.) = 6.256 (valeur élevée), dureté = 4-5, cassant, pléochroïsme faible.

Clivages : selon {100} parfait ; selon {001} et {010}, très difficiles.

Les cristaux, opaques à translucides (transparents à très faible épaisseur) sont des prismes épais (tout est relatif !), légèrement aplatis sur {001} et aussi sous la forme de lattes par élongation suivant [010] Ils peuvent atteindre 5 mm de longueur.

Les formes les plus fréquentes sont {100}, {001}, {110} et {111}.

Les faces de la zone verticale (pinacoïde {100} et prisme {110} – axe de zone [001]) portent fréquemment des stries parallèles à {001} et perpendiculaires à [001] (horizontales sur le dessin ci-contre, correspondant parfois à l’accumulation de cristaux parallèles en forme de lattes). La morphologie a été étudiée par Buttgenbach (1925), puis par Schoep (1927). 

Structure : 

Dans la kasolite, les ions uranyles constituent avec les ions silicates des chaînes qui sont unies les unes aux autres par les atomes d’oxygène de tétraèdres (SiO4) isolés (les uns des autres = nésosilicates). Ces chaînes, de formule [(UO2)(SiO4)]n- 2n , sont réticulées par des ponts oxygène formant ainsi des feuillets [(UO2)2(SiO4)2]n- 4n où il y a 1 U pour 1 Si. Dans la maille élémentaire de la kasolite, n = 0.5 si bien que la charge est compensée par Pb2+. Les feuillets uranyl-silicates sont liés entre eux par les ions de Pb assurant l’électroneutralité de l’ensemble.

Localité-type : Kasolo (Katanga). 

Sur la colline de Kasolo se trouve un affleurement de la série des Mines qui fut ensuite appelé « Shinkolobwe Signal » (utilisé en géodésie du Katanga). Kasolo était connue avant la découverte de Shinkolobwe et de son uraninite. Kasolo est l’une des écailles non uranifères de Shinkolobwe (4). En fait la kasolite a été trouvée pour la première fois dans les cavités de la pechblende de la Shinkolobwe voisine. Trois gisements sont contigus : site de Kasolo (non exploité), mine (exploitation à ciel ouvert) et puits de Shinkolobwe (toutes ces exploitations sont abandonnées).

Shinkolobwe (dont l’orthographe ancienne était Chinkolobwe) fut exploitée à partir de 1922 pour la production de radium (métal blanc argent utilisé alors en médecine et dans la Recherche). La production de radium variait de 20 à 60 g / an. Le raffinage de ce métal se faisait à Olen. Cette usine faisait partie du groupe Métallurgie - Hoboken - Overpeld (M.H.O.) (Belgique). A cette époque, grâce à la richesse exceptionnelle du minerai, la Belgique produisait la totalité du radium utilisé dans le monde et régulait la production en fonction des besoins. Elle fit don de deux grammes de radium à la Fondation CURIE de Paris et mis les quatre premiers grammes produits à la disposition des quatre universités belges.

Le minerai de cobalt produit en trop grande quantité, était même utilisé comme ballast de chemins de fer (communication privée de Mme Vve Derriks). La 2e guerre mondiale initia la production d’uranium dont la principale source était alors Shinkolobwe grâce à la richesse en uranium du minerai. Lors de l’exploitation de la pechblende (uraninite), le secret le plus absolu prévalait pour ces matériaux stratégiques. Très peu de documents existent et les photos se limitent le plus souvent à une vue de la piscine des colons, à celle d’ateliers de surface et à celle du plan incliné qui descendait dans la mine.

D’après J-M. F. Joseph Derriks, directeur de l’exploitation(voir derriksite), la vision des galeries de la mine était féerique, toute faite d’un décor jaune, orange, rouge et vert des produits d’altération de la pechblende noire (gummite, quand il s’agissait d’un mélange microcristallin d’espèces différentes). Cette mine produisit également des métaux nobles : or, platine, palladium…

L’exploitation se termina en 1960 et resta un camp militaire jusqu’en 1982. Actuellement cette localité prestigieuse est à l’abandon le plus total, la nature ayant repris ses droits, même dans la piscine… On assiste cependant actuellement à une recherche désordonnée et dangereuse d’échantillons. 

Bibliographie :

1)     A. Schoep, Compt. Rendus Acad. Sci. Paris, 173, 1476-1477 (1921).

2)     Henri Brasseur, Les rayons X et leurs applications, Liège 1945, p.147.

3)     F.V. Stohl and D.K. Smith, Amer. Mineral., 66, 610-625 (1981).

4)     Joseph LHOEST, « La collection des échantillons minéralogiques du Shaba du Sud-Est », AGAB-Minibul, Vol. 22 n°9, p. 9 – 28 (1989).

Roger Warin.