Tatahouine
ADIO Chute : 27 juin 1931 La
chute de cette météorite, une achondrite diogénite non bréchifiée,
a été observée à 4 km au NE du village de Tatahouine. 12 kg ont été
récoltés sur 500 m, sous la forme de petits fragments. La masse
principale (3,4 kg) se trouve au musée d’Histoire Naturelle de Paris. Cette
météorite est un cumulat de pyroxènes (hypersthène). Les
diogénites appartiennent au groupe des achondrites, à la famille des
HED caractérisées par un même écart de composition isotopique de
l’oxygène, par rapport à la composition terrestre. Cette différence
est aussi divergente de celle des autres météorites. Les
diogénites sont des orthopyroxénites (hyperstène). Ce sont des brèches,
sauf justement la diogénite tombée à Tatahouine (Tunisie). La taille
des cristaux d’hypersthène varie fortement, de 0.01 à plus de 25 mm.
Leur structure est donc grossière mais leur composition est monominérale
(ce qui les différencie des eucrites). On dit que ce sont des brèches
monomictes car leur structure est faite de fragments angulaires et
d’une matrice de même composition. Cela
laisse supposer qu’elles ont été formées dans les profondeurs
d’un manteau riche en Fe d’un corps parent. Pour
toutes ces raisons, on attribue leur origine à l’astéroïde différencié
(4) Vesta. Leur structure cristalline suggère donc que les diogénites,
des roches plutoniques, se sont formées sur le plancher d’une chambre
magmatique, permettant la croissance lente des cristaux d’hyperstène
(refroidissement lent de cet orthopyroxène riche en fer, de 30 à 50 %
de ferrosilite FeSiO3). Les
minéraux annexes sont l’olivine, la chromite, les Ca-pyroxènes, les
plagioclases (dont l’anorthite), la silice, les sulfures dont la
troilite, les inclusions métalliques… Remarque :
les fausses couleurs révélées en lumière polarisée croisée dépendent
de l’orientation cristallographique des cristaux d’hypersthène. Le grand minéralogiste français, Alfred Lacroix, l’a analysée. Bibliographie : The
Cambridge Encyclopedia of Meteorites, O. Richard NORTON, Cambridge
University Press, 2002. A.Lacroix,
C. R. Acad. Sci. Paris,
1931, 193, p.305 R. Warin |