NWA 998 NAK

Nakhlite – Une météorite martienne

 

Fig. 1 – NWA 998 - Vue générale de cette nakhlite constituée d’augite et d’olivine. 
Les cristaux se sont déposés et se sont accumulés sur le fond d’une chambre magmatique. © R. Warin.



A l’heure où l’on parle tant de Mars et que nous l’auscultons sous toutes ses coutures avec des instruments et véhicules aussi astucieux que performants, écoutons les messagers que la planète rouge voisine nous envoie. Car cela fait des centaines de millions d’années qu’elle nous parle sans que nous l’entendions. Quels sont ces messagers muets ? Les météorites martiennes, véritables boîtes noires de sa géologie. Elles ont été classées selon leur pétrologie et classiquement groupées sous le sigle SNC. Chacune de ces lettres rappelle le nom de la classe correspondante : Shergottites, Nakhlites et Chassignites. Des affinements de nomenclature existent aujourd’hui mais la différentiation est suffisante pour ces propos.

 



Fig. 2 – NWA 998. - Détail des chevrons (partie droite en-dessous de la diagonale), présence d’inclusions poecilitiques captées dans le magma primitif 
et de veinules dans lesquelles l’eau a circulé. Les cristaux d’augite sont maclés et présentent en plus, 
une structure fine en chevrons, typique des nakhlites. © R. Warin.



On connait sept nakhlites, la plus célèbre (~ 10 kg) étant la pierre martienne tombée à El-Nakhla, près d’Alexandrie en Egypte en 1911, et qui constitue ainsi le type de ce groupe. Les nakhlites sont toutes des roches ignées. Ces cumulats de cristaux ont été formés il y a 1,3 milliard d’années dans un flux imposant ou dans des intrusions superficielles d’un magma basaltique sur la planète Mars. Ce sont donc des roches célestes relativement jeunes.

 



Fig. 3 – Détail d’un cristal maclé d’augite avec la structure en chevrons typique des Nakhlites. © R. Warin.



Ces roches sont constituées de cristaux de clinopyroxènes (spécialement d’augite) pouvant être automorphes et atteindre 1 cm de longueur, et de cristaux d’olivine en proportion moindre, noyés dans des mésostases finement grenues. Cette matrice est constituée de minéraux à l’état cristallin ou sous la forme de verres, rassemblant des plagioclases, des feldspaths alcalins et des pyroxènes. Des inclusions mineures d’oxydes de Fe-Ti (titanomagnétite), de sulfures, de phosphates complètent cette minéralogie. Les cœurs des cristaux de pyroxène sont homogènes, mais ils sont entourés de bordures enrichies en fer. Il est remplacé localement par un pyroxène ferreux pauvre en calcium. Les cristaux d’olivine et de pyroxène contiennent des inclusions poecilitiques multiphasées de magma capté.



Fig. 4 – Grain d’olivine ayant capté une inclusion du magma primitif et présence d’inclusions fluides (petites vacuoles). 
Tous ces faits supportent une activité de type hydrothermal. © R. Warin.



Roger WARIN.
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