NWA 5471 BRA

 



Une roche dunitique, constituée principalement d’olivine.



La météorite de Brachina fut trouvée en Australie en 1974 (deux spécimens). La masse totale n’est que de 203 g. Comme Brachina était une roche dunitique ultrabasique, on la classa lors de ces premières analyses comme chassignite. Chassigny CHA est une dunite martienne. Les dunites sont presque uniquement composée d’olivine (95% environ). Des différences essentielles se trouvent en particulier dans l’âge de ces météorites (4,5 Ga pour Brachina et 1,35 Ga pour Chassigny) et dans la nature plus magnésienne de l’olivine des dunites martiennes (en plus de Chassigny, il existe une seule autre chassignite, NWA 2737 CHA). La teneur en pyroxènes est affaiblie, ainsi le rapport olivine / pyroxènes est élevé dans les dunites.

On les dit équigranulaires, sachant que la granulométrie moyenne varie de 200 à 750 µm. Une orientation privilégiée (allongement) des grains et surtout les critères cités ci-dessus montrent que leur origine probable est une chambre magmatique d’un astéroïde. Cependant le corps parent n’est pas Vesta, également productrice de dunites (plus riches en pyroxènes). 


Chadacristal (en bleu) serti dans un oikocristal d’olivine.


Autre aspect de cette belle lame mince.


En lumière transmise, on constate la présence de quelques points ou taches opaques 
(dont des chromites et des sulfures de fer). 
les teintes vives des autres photos sont induites par la polarisation croisée de la lumière.



Les brachinites sont des achondrites primitives, dont la composition est proche de celles des chondrites. Elles sont hautement oxydées et s’apparentent au groupe L. 
Ces achondrites primitives équilibrées illustrent bien la différenciation magmatique que le corps parent a subie. 

L’olivine est plutôt ferreuse, caractérisée par la proportion forstérite / fayalite de l’ordre de 65 / 35.
Il y a un déficit en feldspath, des plagioclases qui sont essentiellement des anorthites An 22-44.
Les zones opaques sont en particulier imputables aux sulfures de fer et à la chromite, un spinelle de fer dont elles sont persillées, ou au métal.
La température du magma qui réalisa cet équilibre entre les diverses phases minérales devait être comprise entre 1000 et 1050°C. Des triples jonctions à 120° sont présentes, typiques des roches ignées.




Autre aspect montrant un cristal de pyroxène maclé. On peut aussi déceler des jonctions triples à 120° typiques des roches ignées.



Le métal contient 20 à 55% de Ni, qui se retrouve aussi dans FeS (0.5 à 1.3% Ni). Il y a même de la chlorapatite, etc.

On peut écrire la réaction d’équilibre, appauvrissant la proportion de pyroxènes, comme étant :
MgSiO3 + FeO + ½ O2 --> (Mg,Fe)2SiO4.
Le corps parent est donc un astéroïde à composition ultrabasique, une dunite ou péridotite dunitique. Le nombre de tels corps parents doit être (très) faible puisque les brachinites sont très rares. Au total, toutes météorites confondues, on a trouvé au total une dizaine de kg de brachinites.

Remarque :
Les brachinites restent une classe de météorites difficiles à étudier, car il existe beaucoup d’hétérogénéités entre les résultats, isotopiques en particulier.

Roger WARIN.